Le Voisin revient à l'Espace Gerson, Lyon

Benoît Turjman campe un voisin un peu particulier. Il est cette personne un peu étrange, que l’on regarde d’un coin de l’œil, que l’on n’ose pas aborder. Et pourtant, derrière un look désuet et un mine maladroite se cache un grand sensible. À travers l’art du mime, Benoît Turjman nous prend par la main pour nous emmener dans son univers coloré, où les mots et les images planent sur scène.

Ce “maladroit en quête d’amour”, comme le décrit si bien l’Espace Gerson, mime ainsi les petits bonheurs – et malheurs – du quotidien. Par un enchaînement de scénettes animées en musique, ce drôle de personnage nous attache à sa manière d’appréhender le monde. En quelques minutes seulement, la magie opère. La salle, hilare, accompagne les pérégrinations de ce presque Mr Bean et ce pas-tout-à-fait Chaplin. En fait, Le Voisin est un interprète distinct.

Durant 1h10 de spectacle, on prend au vol des airs de chansons qui concordent avec les actions ou le contexte d’une situation donnée. « Si on écoute la bande-son seule, l’histoire se dessine. On perçoit les thèmes, les ruptures, un chemin. Je passe presque autant de temps à créer l’histoire qu’à trouver et à arranger les musiques » , confie-t-il.

En effet, le comédien, formé à l’Ecole du Mime Marceau, a des références multiculturelles (théâtre, cinéma, musique…) Pas étonnant, donc, que son spectacle soit emprunt de différentes maisons artistiques. Ainsi, à la musique et à la comédie s’ajoute la danse. En effet, sa gestuelle, orchestrée et minutieuse, s’approche de la danse contemporaine. Le corps, les mimiques et les onomatopées exhalées comme un souffle de désespoir accouchent d’un artiste aux frasques complexes.

Tout n’est donc pas saisissable au premier regard, à la première approche de cet art – si rare dans nos programmations théâtrales de grandes villes -. Mais l’énergie et la passion débordantes de Benoît Turjman nous emportent, nécessairement. Cette folie candide, ce sourire fripon, ce regard attachant, nous ne pouvons que clamer un grand “oui” à cette comédie.

Après 10 mois d’inactivité, Benoît Turjman remonte en scène et l’embrasse d’un spectacle humoristique, tendre et revigorant. Un exercice difficile à l’époque de la (sur)communication, pourtant, le pari d’une heure passée sans un mot a conquis le public de manière universelle. À voir.

Photo en Une © Olga BIENTZ