Exposition et rétrospective Romy Schneider – La Cinémathèque française

Qui est vraiment cette Romy Schneider que tout le monde adule ou, du moins, que tout le monde connaît ?
Propulsée mondialement sous les projecteurs après Sissi L’Impératrice, elle cherche rapidement à se démarquer et s’impose dans des films multiples, aux visions, aux propos et aux types de réalisateurs contrastés. Elle quitte rapidement son Autriche natale et vise l’Italie, la France, et même Hollywood… Mais qu’est-ce que cette quête de l’excellence nous dit d’elle ?

Romy Schneider, symbole de la femme forte

Par une série de faits historiques retraçant la vie de la comédienne, l’exposition met en lumière la pugnacité de Romy Schneider. Elle se décrit comme une femme-éponge, qui ne garde que ce qu’il faut pour s’alimenter et laisse couler le reste. 

Elle puise notamment sa force et sa détermination chez Coco Chanel, devenue alors son modèle de femme forte. “Quand on la regarde travailler, détruire son travail, recommencer, souffrir pour une pince mal placée, on a forcément honte. On pense alors “si seulement je pouvais faire mon boulot comme elle fait le sien”. Cet esprit de comparaison, Romy le cultive à outrance. Elle se donne, quitte à laisser sur le plateau quelques plumes. 

En se fiançant à Alain Delon, dans les années 60, elle épouse alors la France et toute sa culture. Elle apprend le français et va même jusqu’à se doubler en français et en allemand dans ses rôles internationaux. Elle rejette toute fainéantise : elle veut être au cœur de la création quitte à adopter les rôles de plusieurs corps de métiers. Lorsqu’elle joue sous la direction de Luchino Visconti pour Dommage qu’elle soit une putain au Théâtre de Paris, elle est prise d’une crise d’appendicite qui l’a conduit à l’hôpital. Elle reviendra au bout de quelques jours sur le plateau. Cette persévérance et ce professionnalisme sans égal font fleurir le respect du réalisateur qui se meut rapidement en amitié. 

Coulisses de "Dommage qu'elle soit une putain", avec Romy Schneider et Alain Delon (1961) © INA

En 1964, Henri Georges Clouzot lui propose le rôle principal de son prochain film : l’Enfer. Et le tournage du film en devient ironiquement le symbole. Une histoire qui ne cesse de changer, des acteurs qui partent au compte-goutte, des plans difficiles, des expérimentations abreuvées par le financement américain que le réalisateur a décroché… Romy Schneider sera la seule à rester et à resister aux exigences de plus en plus folles du cinéaste. Le tournage s’arrête finalement par la crise cardiaque d’Henri Georges Clouzot, marquant le point final à cette aventure désenchantée. Malgré cette triste issue, Romy retient l’attention de ses pairs. Elle est reconnue comme étant celle qui résiste, qui se bat et qui continue malgré l’adversité.

Et nous nous demandons alors : pourquoi cette lutte incessante, alors qu’elle a déjà gagné le cœur de son public, de ses pairs et des critiques ? 

La liberté : la quête absolue de l’actrice

Malgré son envie de se développer à l’international, Romy Schneider est écrasée par le poids des contrats, des studios et de leurs petites lignes qui enferment toute créativité. Tout un système financier repose alors sur ses épaules. Cette course à la célébrité lui donne assez vite la vague à l’âme. Un état d’esprit qui ne la quittera jamais vraiment, comme le filme délicatement le documentaire 3 jours à Quiberon d’Emily Atef. 

“Je voulais vivre, aimer, me développer sur le plan artistique, devenir un être nouveau. Mais surtout être libre.” – Romy Schneider

Dans Prête-moi ton mari et What’s New Pussycat avec Woody Allen à la plume, Romy exige de jouer en anglais. Elle veut maîtriser le ton, contrôler son jeu. Mais si elle arrive à satisfaire son propre niveau d’exigence dans sa vie professionnelle, peut-elle réussir à contrôler ce qu’il se passe dans sa vie privée ? 

Une vie privée tourmentée

L’Exposition révèle donc le génie libre de l’actrice et ses relations fortes avec les réalisateurs qui l’accompagnent Claude Sautet, avec qui elle tournera cinq films, Luchino Visconti, Alain Cavalier Orson Welles… Pourtant, nous n’en savons pas plus sur sa vie privée. Peut-être lorsque la période de la seconde guerre mondiale est évoquée, avec des liens entre sa famille autrichienne et le troisième Reich. Lien dont elle cherchera à tout prix à se défaire, rejetant toute idée d’appartenance avec cette idéologie meurtrière. Elle tournera alors des films durs, tant sur les plans physiques que psychologiques. Elle incarne la veuve d’un Résistant dans Le Cardinal, d’Otto Preminger. Dans Le Vieux Fusil d’Enrico Robert, elle campe le rôle d’une femme martyre des SS. Dans La Passante du Sans-souci, elle symbolise le devoir de mémoire à travers le personnage de Lina.

Romy Schneider dans La Passante du Sans-Souci, de Jacques Rouffio (1982)

De ces troubles liés à son histoire personnelle naîtront également une terrible envie d’incarner des femmes indépendantes. Elle souhaite incarner le profil d’une femme capable à la fois de troubler les hommes et dont les femmes s’identifient. Elle veut insuffler chez les femmes des années 70 un vent de liberté, qu’elles deviennent maîtres de leurs envies, de leur destin, de leurs désirs. C’est auprès notamment de Claude Sautet que la réalisatrice pourra ouvertement créer ce point entre sa vie professionnelle et sa vie de femme, artiste, militante, aux double, triple, quadruple nationalités, dans les années 70. De quoi donner matière à ses propos.

Romy Schneider dans Max et les Ferrailleurs, de Claude Sautet, 1971 © STUDIOCANAL

Exposition et rétrospective Romy Schneider
La Cinémathèque française
51 Rue de Bercy, 75012, Paris

Du 16 mars au 31 juillet 2022

© Pour le dire