14 juillet

Les rues étaient désertes. Les gens étaient partis, les cafés affichaient une pancarte cornée « Fermé le 14 juillet » . Seule la chaleur encombrait toute la ville. Et j’attendais dans un café.

J’attendais je ne sais quoi. Un regard, un sourire, qu’une personne me dise « Mademoiselle, voudriez-vous m’accompagner ? ». Et je ne penserais qu’au « Mademoiselle » . Est-ce qu’on dit encore ces choses-là ? D’un autre côté, je m’offusquerais d’un Madame. Alors je prends le Mademoiselle.

Puis nous irions dans un musée car il, ou elle, aurait lu dans mes pensées. Pressés d’entrer, guidés par la curiosité puis par la clim’ du dedans. Une fine hypocrisie voudrait que la première en soit l’unique raison.
On marcherait lentement, mesurant chaque pas. Ici, pas de course à la montre. Pas de records à battre entre soi et Google Maps (« 12 minutes ? Pfff. Pari lancé pour 7. » ) Pas, non plus, de métros à rattraper. Non, ici, on étale le poids de toute l’empreinte de notre pied, des orteils au talon. Une vague lente effleurant les carreaux froids des salles d’exposition.

Oui, c’est à ça que je pense dans ce café où les passants s’empilent à l’ombre et où les jeunes serveurs et serveuses courent entre le comptoir de l’intérieur et la fournaise de l’extérieur. Qu’est-ce qu’on accepterait pas pour une semaine de vacances entre amis en août. Ou du matériel d’études qui vaut son pesant d’or. Ou pour simplement vivre, du moins plus tranquillement.

La première et la dernière de couverture d’un livre qui ne m’appartient pas plient, elles aussi, sous la fournaise. Plus rien ne dure, sous cette grosse bille dorée.

Seules les salades César mènent la belle vie.

© Pour le dire