Et si l’amour c’était aimer ? De Fabcaro au Shalala 

Sandrine et Henri vivent paisiblement, dans un appartement luxueux où règne admiration et routine. Une soirée va tout changer. Ou plutôt une sonnette : celle de leur porte d’entrée où se tient un livreur de macédoine, brun ténébreux, faisant immédiatement battre le cœur de Sandrine. Et si c’était ça, l’amour ? Cette personne qui vous livre une macédoine à 20h et qui n’attend rien en retour, qu’une carte de fidélité et éventuellement un pourboire ? 

Le roman photo de Fabcaro repris sur scène

Et si l’amour c’était aimer ? est avant tout une parodie de roman photo à l’eau de rose. On y suit des vies américaines bien rangées, où il ne se passe rien de très exceptionnel sauf, parfois, l’amour qui s’immisce et vient tout perturber. Des amours interdits, des amours éphémères, des amours sulfureux… Bref. Des amours sous toutes leurs coutures.
Des planches de BD aux planches du théâtre, la troupe du Shalala s’empare de cette œuvre absurdement drôle, où l’écriture fine et détaillée se meut en dialogues lunaires pour qui ne connaîtrait pas la plume de Fabcaro. 

C’était sans compter la bonne connaissance de son public, qui réagit immédiatement dès les premières scènes. Et il y a de quoi : la bande du Shalala réussit à emporter les lecteurs et les non lecteurs de l’œuvre par une retranscription minutieuse de ce qui fait le succès de Fabcaro. On a donc des apartés, du quatrième mur, une succession de personnages qui se répondent, et un enchaînement de scénettes comme des cases de BD. Les rideaux tombent, se déplient, enferment les personnages et ouvrent de nouvelles scènes comme on tournerait les pages. Une manière habile de rendre hommage au rythme effréné de la bande-dessinée sans pour autant perdre le spectateur dans une succession de décors et de personnages. L’enchaînement est fluide, maîtrisé, au service de l’histoire. Et le jeu, évidemment, est au rendez-vous.

Tous les vendredi et samedi jusqu’à début avril, au Shalala Lyon

© Pour le dire