Théâtre Nouvelle Génération : une évolution vers le contemporain

L’année 2017-2018 du théâtre emblématique du 9e arrondissement de Lyon s’ouvre avec les propos de Joris Mathieu, directeur artistique :
« 2017 signe l’anniversaire de la décentralisation, projet de société post 45, qui posait les questions du bien vivre ensemble. La culture tient une place indispensable pour créer une politique nouvelle ouverte sur le monde et sur l’autre. Au quotidien, nous nous posons sans cesses des questions autour de ces problématiques  : comment créer des lieux vivants, comment les partager, avec le public et avec les artistes. »
À ces mots, il complète : « En vous rendant au théâtre, vous ne voyez que la partie émergée du monde du spectacle. En réalité, il y a tout un langage qui nous pousse à ne pas proposer simplement un catalogue d’offres culturelles mais des véritables rencontres artistes-public. »
Le directeur artistique, arrivé à la tête du TNG en 2015 en digne successeur de Nino d’Introna, avait présenté la même année l’oeuvre L.I.R. (Livre In Room), sorte de cocon futuriste dans lequelle le spectateur est invité à entrer, prendre place sur le siège et à découvrir une oeuvre par l’image et la voix. Il introduisait alors déjà un univers audiovisuel à la structure. Dans cette ligne directrice, de nombreux ateliers, originaux, décalés et à destination des tout-petits, seront mis en place pour cette année 2017-18.
L’art par la découverte des sens, c’est un peu le maître mot de la saison.
Nous aurons donc le plaisir de découvrir les partitions électroniques imaginées par David Rolland : casques aux oreilles et drôles de consignes, le public bouge, danse et transforme son espace de création en scène de théâtre improvisée.
Le TNG propose toujours des spectacles pour tout-petit, comme la pièce Monde dans laquelle les enfants sont au cœur d’une journée, de l’aube au coucher, par des jeux de lumières, des sons immersifs et un conte en voix off. Bon point également pour le pari de réaliser une pièce de théâtre… Sans hommes. Joris Mathieu invite sa troupe à une expérience inédite dans Artefact. Les robots restent, et les humains s’éteignent. Que reste-t-il ? Des écrits. Ceux de Shakespeare, par exemple. Un robot peut-il donc prendre la place d’un comédien, rendre une pièce émouvante, captivante ? Enfin, dans la veine de l’interaction entre artiste et public, Je suis la Bête recycle les casques dans une nouvelle manifestation, proposant de réciter la pièce depuis un micro, cachés des spectateurs.
Création Artefact – Ateliers TNG Lyon
Cette nouvelle saison 2018 d’axe donc davantage autour des performances que du théâtre. Devenue une institution contemporaine, de part la jeunesse et la créativité de ses nouveaux détenteurs, le TNG perd un peu de son charme des premiers instants. Évolution oblige ? Sûrement. Seulement, à trop bâtir des projets innovants, déjouant les codes du théâtre, nous pouvons nous demander si la création n’est pas uniquement dictée par l’originalité comme seul moteur.
Il y a une cohérence à souligner dans le propos et dans le choix des artistes, qui viennent de milieux artistiques divers. Le théâtre a fait le choix de l’esthétique,  notamment avec la plaquette de saison qui mêle  graphisme et onirisme, en prenant conscience que le changement doit être sensible, subtil, et éveiller l’imagination du spectateur. Les pièces de cette nouvelle saison pour la plupart le reflet de l’imagination de l’artiste : attention, donc, à ne pas créer une distance physique ou culturelle entre public et créateurs.
Physique avec les casques comme seule connexion, ou bien culturelle, entre habitués du théâtre, des planches, des dialogues et l’univers particulier offert par le lieu.
Une saison, donc, difficile à aborder. Nous sentons avec nostalgie le tournant d’un théâtre qui pouvait réunir  traditionnel et créativité. L’imagination n’est donc plus qu’un moyen de faire rêver mais de montrer au spectateur et à plus grande échelle au monde que les techniques théâtrales évoluent et qu’il faut suivre ce mouvement. Un théâtre sans Hommes sera-t-il donc possible ?La scène deviendra-elle un espace dématérialisé ? Et la vidéo meublera le décors comme pour une mise en scène ? Il peut donc être intéressant de s’ouvrir à la modernité de ces techniques tout en conservant les bases de ce qui a porté un art durant tous ces siècles. La création doit donc sur-élever l’existant et ne pas le détruire. Le TNG devrait remplir toutes ces belles promesses. À suivre.
Théâtre Nouvelle Génération – 23 Rue de Bourgogne, 69009 Lyon
© Pour le dire