Capharnaüm de Valérian Guillaume et la Compagnie Désirades

Que reste-t-il de l’autre, quand il disparaît ? Ou quand la vie nous claque entre les doigts, sans concession et sans discours ? Des souvenirs, des biens, des objets, restent alors accumulés, inertes ou vivants par ceux qui les entretiennent. Alors, cette masse silencieuse qui nous a accompagné de notre vivant, saura-t-elle vivre après nous ?

Valérian Guillaume mêle ses pensées au matériel présent sur scène. Du fouillis coloré, du mou, du dur, des paillettes et du mobilier plus austère. Un condensé de vie, de facettes de personnalité, de bric et broc récupéré, acheté, abandonné puis repris… Un joyeux capharnaüm. 

Pratiquant le discours automatique sur les mêmes codes que l’écriture automatique, Valérian Guillaume scande un regard sur la vie sans clignoter. Cette logorrhée jette les mots en pagaille, comme si nous ne pouvions plus choisir les bonnes paroles, ni même tenir correctement dans notre langue maternelle. Sommes-nous alors le spectateur qui contemple la fin d’un personnage, ou bien le sujet même de ce récit fantasque ? Sommes-nous… 

Très vite, le capharnaüm devient le personnage principal, volant la vedette à celui qui ère et déclame sa finitude. La musique percutante de Victor Pavel accompagne la masse qui s’anime, prenant le visage de trois danseurs. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Incarnent-ils les âmes des objets orphelins ? Sont-ils des petits anges, ou bien des diablotins ? Peu importe, Valérian Guillaume les laisse faire la fête et danser sur sa – presque – tombe. Une démence articulée et rythmée, comme un chaos organisé, sous les directives de Livia Vincenti. 


Photographies du spectacle © Clara Benoit Jacoby
© Pour le dire