Dune 2 de Denis Villeneuve 

La deuxième partie de Dune, roman de l’Américain Frank Herbert écrit en 1965, La deuxième partie de Dune est sortie ce mois de mars 2024. Un film très attendu par les fans de science-fiction, du réalisateur Denis Villeneuve, mais aussi par les amoureux du 7e art qui voient en la saga Dune une nouvelle ère cinématographique. Alors, que vaut ce second volet ?

Dune 2 : naissance d’un messie

Dans le premier volet de Dune, les premières briques de cet univers futuriste étaient posées. Parmi elles, l’idée qu’un messie capable de sauver les populations opprimées serait réincarné en la figure adolescente de Paul Atréides, l’un des derniers survivants de la famille Atréides. Ce “Lisan al Gaib”, qui signifie « La voix d’ailleurs » répondrait donc aux légendes Fremen d’un prophète étranger qui montrerait la voie et renversant la dictature. Un enjeu qui résonne intimement avec notre époque. 

Les enjeux de ce second opus sont donc de taille. Prouver – ou se prouver – que le messie est bien réel et entamer la révolution attendue par les Fremen depuis des générations. Paul Atréides a donc bien des défis, si on ajoute à cette lourde responsabilité celle de devoir choisir entre stratégie politique et amour. 

Le piège du second volet

Difficile de créer le même engouement sur un second volet. D’autant plus quand se dessine clairement la stratégie du réalisateur en fin d’œuvre : ouvrir un troisième volet pour tenir en haleine, sur plusieurs années, un spectateur fidélisé en 2021. On peut dès lors ouvrir l’hypothèse d’un Dune 3, Partie 1 et Dune 3, Partie 2 qui ne seront pas une première dans l’historique des sagas fantastiques, avec une division binaire du dernier tome des sagas Harry Potter, Twilight et Hunger Games. Serions-nous donc condamnés à l’attente sur encore deux opus ? Face à cette profusion d’informations, sans réels dénouements, Dune 2 apparaît déjà comme le “ventre mou” d’une saga avec quelques accrocs à son compteur. 

Le premier gros souci de cette deuxième partie est le rythme. Nous mettons beaucoup de temps à arriver à l’action, pour se concentrer sur les us et coutumes des Fremen et la naissance d’un amour entre Paul et Chani (Zendaya), une jeune femme courageuse et volontaire. Le deuxième tiers se consacre aux autres héritiers, Feyd-Rautha (Austin Butler) de la Maison Harkonnen et Irulan Corrino (Florence Pugh), fille de l’Empereur. On fait aussi la brève connaissance de Lady Margot Fenring (Léa Seydoux) qui semble servir des desseins plus mystérieux. Avec cette abondance de nouveaux visages, et donc de nouveaux enjeux, s’enchaînent des actions et des dialogues qui perdent quelque peu le spectateur. Après avoir passé une heure dans une seule et même communauté, la transition est sèche et le rythme soutenu. Et le troisième tiers n’est qu’une succession d’événements dont les issues sont ou trop faciles, ou trop vite balayées. 

À cela, s’ajoute une problématique de compréhension des dialogues. Tandis que le premier volet offrait une lecture simple de l’histoire de la famille Atréides et des enjeux qui attendaient Paul, nous sommes relativement perdus sur ce deuxième opus. Les échanges sont moins fluides, plus lourds, et il nous faudrait parfois avoir appris la langue des Fremen pour déchiffrer certaines scènes. Outre le parallèle évident avec la civilisation arabe, ses codes, ses coutumes, et même la photographie prêtée aux scènes du désert, nous vivons une réelle distance avec des échanges simples entre deux protagonistes. Les nouvelles têtes semblent intéressantes, mais leurs conversations prises à la volée ne nous donnent pas suffisamment de clés de compréhension pour nous attirer dans leur quête respective.

Dune 2 : conclusion

Difficile, donc, de considérer cette œuvre comme un tout, là où certaines sagas réussissent habilement à créer en chaque partie une œuvre à part entière. Denis Villeneuve semble donc s’être encombré de beaucoup d’informations, mal triées et mal réparties. 

Le jeu des acteurs nous convainc de rester alerte à la troisième partie. Timothée Chalamet est convaincant sans en faire trop, Zendaya manie habilement la colorimétrie des émotions, de la colère à la tristesse, sans jamais verser de larmes, et les nouveaux visages Austin Butler et Florence Pugh sont tout à fait à leur place dans leur rôle. Petit bonus à Souheila Yacoub, dans le rôle de l’amie de Chani, qui apparaît bien plus que Léa Seydoux ou Anya Taylor Joy et qui a bien moins reçu de projecteurs lors de la grande promotion des acteurs en ce début de 2024.

Photographies : © Warner Bros pictures – Legendary
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