La Cour des Infortunés

Sur les sentiers, les pavés et la rue
Sur tout ce que nous avions d’infinis,
Sur les grands boulevards, ces tracés clairs 
Nous étions là, sur la place-parvis.
Ces mains tendues vers nos visages fiers,
Et nous qui regardions, éperdus,
Les étoiles de la ville, ces charmantes comètes
Qui semblaient nous bénir,
Chanter nos belles paroles,
Qui regardaient frémir,
nos gambettes folles.
L’hiver était arrivé, glaçait sang et violons,
Mais dans les feux de cheminée, résonnait un tout petit son : 
Crépitement, rires chaotiques, enjoués,
Et nous étions là, à tous les contempler.
Assoupis dans la rue, notre heureuse maison,
Nous oubliions nos doigts, et un peu notre raison.
De tout ce que nous songions, saouls et glacés,
Comme présents,
Comme joyeuseté,
Comme argent,
Nous n’avions que les étoiles et ces doux crépitements, 
Acoustiques rêvées.

Sur les sentiers, les pavés et la rue,
Vivaient, ou survivaient,
D’immobiles détenus.


© Pour le dire