On se demande parfois comment le temps exerce son emprise sur les gens. Comment il les change, les perfectionne ou les dégrade. Comment il réussit à s’emparer du meilleur et à le glorifier, ou comment il pourrit subtilement l’être en un tout physiquement inchangé. Et pourtant c’est une boucle constante. On se déguise en super-héros ou on est les ratés d’un soir. Et on recommence, portés par une tolérance brillante que l’on croit éternelle et par une bonne étoile si puissante qu’elle nous procure des ailes. Et après ? Qu’est-ce qu’il nous reste, de ces réserves épuisées ? Qui allons-nous devenir, passé ce palier ? La jeunesse passe. Nos envies se tassent, les problèmes s’entassent. Vais-je devoir changer ma personne, ma morale ? Vais-je devenir un clown ou un esclave ? Crachons-nous dès maintenant des choses amères, rendons tout de suite les armes. Cessons la circonvolution, cessons de ne pas se regarder en face. Tout a une fin. Ceux que l’on aime aujourd’hui. Celui que l’on aime, aussi. Tout est éphémère, et les cliquetis de l’aiguille sont un vacarme permanent.
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Photographie : Daisuke Yokota
© Pour le dire