Rencontre avec Camille de CAM LE MAC, cabinet de curiosités détonnant

Perché sur la colline de Croix-Rousse, nous voici rentrés dans un univers particulier du cabinet de curiosités, ouvert il y a environ 6 mois. À l’occasion de son 3ème événement en nocturne, après la soirée d’inauguration du 11 novembre 2017 et la séance de dédicaces de Diglee, nous avons tenu à rencontrer la propriétaire des lieux. Qui a dit que les cabinets de curiosités rimaient avec une ambiance lugubre et des objets hétéroclites ? Chez Cam le Mac, on prend soin d’amener son visiteur à la découverte d’un univers singulier, sans pour autant le brusquer. Rencontre avec la douce Camille, dite Cam.

Camille, pouvez-vous nous décrire Cam le Mac ?
Atelier-boutique esprit cabinet de curiosités, où l’on peut y retrouver des créations personnelles, d’autres créateurs et de la brocante. Je dirais que ce cabinet a un aspect plutôt girly : j‘ai voulu en effet adoucir le côté très sombre et gothique des cabinets de curiosité. Car quand on pense à ces types de magasins, on imagine des têtes de morts, des animaux empaillés, du noir. Certes j’ai des objets comme ceux-là mais j’ouvre aussi le concept à d’autres objets plus approchables.

 

D’où vous est venue l’idée d’ouvrir un tel magasin ?
Oh, c’est une vieille aventure. Je travaille dans la création depuis plus de quinze ans. D’abord dans le dessin textile, à Saint Etienne (42), puis en emménageant à Lyon, en 2008, j’avais ma boutique au Village des Créateurs. Je réalisais des doudous pour adultes avec la marque Beberland. Il s’agissait de gros monstres, à mi-chemin entre des coussins, des poupées et des objets de décoration dans des matières types faux cuir. Chaque doudou portait un nom avec une carte d’identité détaillant leur caractère, comment les nourrir, comment s’en occuper. Il y avait toujours un double sens qui puisse parler aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

Puis l’aventure s’est terminée ?
C’est vrai qu’on était en pleine lancée. On avait déjà nos fabricants, le site internet. Mais tout s’est fait d’un coup : j’ai rencontré le père de mes enfants, il y avait de plus en plus de concurrence, on en voyait pleins les boutiques. Et j’ai tout arrêté pour fonder ma vie de famille. Pendant un an, j’ai continué à dessiner pour du textile, lancé des créations que je vendais sur Little Market, Etsy, Marché de la Création… Puis nous voici au milieu de l’année 2017 et, pas très loin de chez moi, un local se libère. Coup de poker : j’ai eu les clés fin juillet.

Depuis, comment faites-vous vivre Cam le Mac ?
En interne, je m’aide d’amis brocanteurs professionnels. À force, ils connaissent aussi mon univers. L’un d’eux est dans le meuble 20ème et chinent à Paris et à Lyon. Quand il s’agit de grosses pièces, il m’envoie une photo, sinon, il prend des pièces et en fonction je lui rachète ou lui les revend.
Puis en externe, j’essaye de faire un événement tous les 2 mois avec une jeune femme freelance dans l’événementiel. Je suis également membre d’une association d’artisans créateurs qui font deux événements par an, se rajoutant à mes événements personnels. On a aussi eu la chance d’avoir un deuxième événement assez impactant avec la dédicace de Diglee (NDLR : illustratrice, auteur de bande dessinée et auteure lyonnaise) le 8 février dernier. Elle était simplement passée dans la boutique tandis que j’étais perchée sur mon escabeau ! Le soir, elle a posté une photo de ses achats sur Instagram en mentionnant  : »Nouvelle boutique à Lyon : voilà ce que j’ai trouvé ! » et j’ai dû gagner 300 (puis 200 de plus avec l’événement) followers en une soirée. Je l’ai recontacté et elle a accepté de revenir pour des dédicaces. Cela n’était pas totalement hors propos car je la savais dans des travaux de sérigraphies autour de la magie noire, du tarot.

Comment se construit un cabinet de curiosités ? Est-ce qu’on a déjà la plupart des pièces qui le constitue avec nous, ou bien cela se fait vraiment sur le long terme ?
Tout est allé très vite, j’ai eu le local l’été dernier et je ne savais pas jusque là que j’ouvrirai un magasin. J’imaginais déjà du noir, dans le fond. Et au fur et à mesure des travaux, le cabinet se construisait. Je faisais du repérage sur les réseaux, dont Instagram, puis sur des salons de décoration. Je travaille avec des créateurs, connus et moins connus, qui apportent aussi leur touche à la boutique. Aujourd’hui, je travaille avec une quinzaine d’artisans créateurs : décoration, mode, bijoux, papeterie, objets en tout genre, qui vont d’une cloche en verre renfermant un corps de poupée avec une tête d’oiseau, aux pins féminins de Coucou Suzette.

La marque Coucou Suzette chez Cam le Mac

Vous fixez-vous une limite de prix dans les objets que vous souhaitez présenter aux visiteurs, afin de correspondre à telle ou telle cible, ou bien préférez-vous proposer des objets plutôt hauts de gamme car différents du commun des magasins ?
Au départ, je m’étais dit « moyen-haute gamme ». Ma fourchette de prix s’est petit à petit détendue, allant de deux euros pour une carte postale à des lustres à 900€, un miroir de sorcière à 600€.

Donc si la pièce vaut le coup : vous foncez ?
Exactement. Je pense que ma proposition en boutique a décuplé en l’espace de six mois ! Cela commence d’ailleurs à s’entasser dans l’arrière boutique. J’ai déjà mon site www.camlemac.com qui renvoie sur Etsy pour acheter mes créations. Il faudrait que je puisse l’alimenter d’objets brocante de la boutique pour pouvoir vendre mon concept en dehors de Lyon, car il y a de la demande, notamment via les réseaux de la boutique comme instagram et facebook.  Ne reste plus qu’à disposer d’un ordinateur portable pour pouvoir travailler de chez moi et me lancer pleinement dans cette nouvelle aventure !


Merci infiniment à Camille du magasin Cam le Mac pour son accessibilité
Rencontrez là au 13 bis Rue Belfort, 69004 Lyon

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