Rencontre avec l’équipe du film de « La fête des Mères »

À l’occasion de la présentation de son nouveau long-métrage, Marie-Castille Mention-Schaar (Les héritiers, le Ciel attendra, La première étoile …) était à Lyon, dans la salle tamisée du Sofitel Bellecour. La fête des mères abordent ce thème universel de la maternité, des milles façons que nous avons d’être mère, ou de choisir de ne pas l’être. La bande-annonce ici. Rencontre avec la réalisatrice accompagnée des deux actrices Olivia Cote et Jeanne Rosa.

Comment vous est venu l’idée de faire un film sur la Fête des mères ?

Marie-Castille Mention-Schaar : Il s’agissait plutôt de parler des mères :de la relation à la maternité, à cette relation, ce lien complètement dingue et constructeur qu’est ce cordon ombilical. Nous sommes égaux face à ce lien,exempt la relation que l’on peut avoir ensuite avec nos enfants. J’avais en tête de faire un film chorale, qui est un genre que j’affectionne particulièrement et qui était adéquat au sujet. Le titre du film m’a donc semblé intéressant car on parle de toutes les mères.
Était-ce une volonté de faire se croiser à différentes reprises vos personnages, même de manière implicite ? 
Effectivement, il était indispensable pour moi de créer des connexions entre ces pluralités de personnages, certains se croisent et d’autres jamais. À l’écriture [du scénario], il y avait une certaine évidence de qui va rentrer qui, ou bien qui va croiser qui. Cela se passe au tournage aussi, par exemple dans un bus au lieu d’avoir un figurant en arrière plan il va y avoir des personnages du film. Ils ne font que passer mais sont là, dans le décors. On peut ne pas les voir, mais c’est ce que j’aime dans les films chorale : redécouvrir des choses après plusieurs visionnages.
Vous avez un casting assez impressionnant pour ce long-métrage : Nicole Garcia, Jeanne Rosa, Audrey Fleurot,Clotilde Courau, Vincent Dedienne, Olivia Cote… Comment avez-vous choisi ces personnages ? 
Il y avait une certaine richesse due au nombre important de personnages apparaissant dans le scénario. Certains sont mêmes partis à l’écriture. Il a donc fallu choisir ces acteurs qui incarneraient cette richesse à la caméra. J’aime mettre en avant des figures riches et belles. Pour Vincent par exemple il était étonnant de le voir travailler sur son premier long-métrage. Lui qui aime les actrices et ne s’en cache pas, il était ravi de pouvoir jouer avec Nicole Garcia (NDLR : incarnant sa mère dans le film). Il était nerveux mais est resté très professionnel. Cela ne se voyait pas à la caméra.
Etait-ce nécessaire pour vous d’aborder ce thème étalé sur toutes les classes sociales, d’une prostitué à la présidente de la République ?
Oui ça l’était. Je pense que nous sommes toutes égales face à ce mystère lorsque l’on décide de faire un enfant. Toute présidente de la République qu’elle est, elle (NDLR : incarnée par Audrey Fleurot) est totalement happée par cette angoisse. Cela permet de (se) prouver qu’il n’y a pas de règles pour être une mère, ou une bonne mère. Ou ne pas l’être.

« Certaines jeunes mères sont venues me voir en me disant : votre film m’a fait tellement du bien ! »

Quels premiers retours avez-vous eu, notamment de la part des mères qui pourraient s’identifier à certains de vos personnages ?
Pour mes précédents films, j’avais eu certaines réactions fortes mais jamais comme celle reçues durant la promotion de la Fête des mères. On sentait que cela touchait à quelque chose de tellement intime, de tellement privé, que nous recueillions des témoignages en direct pendant la séquence de débat post-projection, qui commencent à parler avec la voix claire et dont on sent l’émotion s’emporter au fil de leur propos. D’autres, la majorité, viennent nous voir après le débat et nous livre véritablement des choses sur leur vie, leur enfance ou leur maternité. Certaines jeunes mères déculpabilisent enfin, comme l’une d’entre elles qui est venu me dire : « Mon fils ne dort pas depuis 18 mois, j’ai parfois envie de le tuer, et votre scène de la mère qui craque chez le pédiatre m’a fait tellement de bien !« . [Rires]
Votre film n’aborde pas seulement le rapport de la mère à l’enfant, il montre aussi le refus d’être mère, de rester une femme indépendante et échapper à la suprématie de la maternité plus ou moins imposée aux femmes passé la trentaine. Olivia, votre personnage en est le reflet. 
Olivia Cote : c’est vrai que le personnage que j’incarne est assez virulent. Elle ne déteste pas les enfants, mais refuse plutôt de correspondre à un moule où l’enfant est roi et les mères niaises. Elle n’aime pas ce pouvoir attribué aux jeunes mères, cet étalement, cet aboutissement obligatoire. Elle n’est pas vraiment méchante, simplement agacée.
Il y a une phrase qui pourrait bien résumer ce film, jetée à la volée par Clotilde Courau à son adolescente : « Je fais de mon mieux« . Cela vous parait être une belle conclusion ?
Oui ! Mais c’est aussi une généralité, que l’on soit mère ou pas mère. En tant que femme, nous avons parfois beaucoup de pression : quand on veut des enfants, quand on n’en veut pas. Puis il y a la pression que l’on s’impose à nous-même. Il faut donc parfois se pardonner et pardonner à ceux à qui on fait des reproches.
Propos recueillis par Clara Passeron au Sofitel Lyon Bellecour  organisé par UGC Lyon
Sortie en salles prévue le mercredi 23 mai 2018
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