Rencontre avec l’illustratrice Floxxi

Floxxi, de son vrai nom Mathilde Bonin, est une jeune femme de 22 ans inspirée par les arts depuis l’enfance. Amatrice de bande-dessinées et d’animations japonaises, elle parfait son travail dès 16 ans où elle collabore pour des associations culturelles à Lyon et créé, dès sa majorité, son statut de freelance. Rencontre avec une jeune femme pleine de vie et d’ambition à l’occasion d’une exposition sur la thématique des Sorcières au café Nomade, à Lyon 3e.

Floxxi aka Mathilde Bonin au Nomade (Lyon 3e)

Pour le dire : Hello Floxxi ! Pour te présenter brièvement, tu es une illustratrice lyonnaise, mais qui a aussi bougé un peu partout durant ses études, c’est bien cela ?

Floxxi / Mathilde Bonin : Oui exactement ! Je suis lyonnaise d’origine mais je suis partie faire des études d’art pendant deux ans. Mais le système n’était pas vraiment fait pour moi : l’illustration était assez mal perçue car jugée trop classique, trop linéaire. Il fallait donc rentrer dans une case où la création est trop abstraite, presque élitiste. Moi je voulais faire de l’art qui parle à tout le monde.
J’ai alors quitté la France pour la Belgique. Seulement une fois en études là-bas, je n’arrivais pas à trouver un rythme de travail qui me correspondait. Je suis une personne fêtarde mais j’aime aussi travailler de manière intensive quand il le faut. J’avais l’impression de ne pas vraiment avancer, de remettre les projets au lendemain car le rythme belge était « à la cool ». Comme j’étais déjà free-lance à l’époque, je suis partie et ai décidé de me consacrer pleinement à mon projet.

Floxxi illustratrice lyon art dessin
© Floxxi

Tu es donc dans une période de transition, ici, à Lyon ? Quels sont tes projets en cours ?
Exactement. Je suis free-lance depuis 1 ans et suis motivée à monter mon propre projet, en sortant une bande-dessinée au format papier. Mais je rencontre quelques freins, notamment l’image de la femme dans le milieu de la bande-dessinée qui est assez dévalorisée, pas toujours prise au sérieux. On associe souvent l’image de la femme qui écrit des bandes dessinés à des propos “légers”, “girly”. Cela se retrouve même dans les libraires, qui organisent leurs étagères en fonction des genres des auteures et non des propos.

Le fait d’être en totale indépendance te permet donc d’écrire en sortant complètement des carcans académiques des formations d’art ?
Tout à fait. J’ai souvent travaillé en dehors des mes projets d’école ou même au lycée. Je dessinais des affiches pour des clubs lyonnais, alors que je n’avais pas encore l’âge d’aller en soirée ! Puis j’ai lancé ma page facebook en 2015, et Instagram a suivi dès en 2017.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la bande-dessinée et quelles étaient tes inspirations, à l’origine ?
Ce que j’aime avant tout dans cet art c’est raconter des histoires. J’aimais beaucoup le cinéma d’animations japonaises. J’ai lu de nombreux mangas papiers, j’étais fan de Full Metal Alchimist, qui montre des personnages féminins forts. Tout comme dans les films de Miyazaki, avec des héroïnes combattantes, mises au premier plan. J’aime beaucoup les univers sombres de Satoshi Kon, auteur de Perfect Blue, Paprika ou encore Millennium Actress. Au lycée, j’ai connu Lars Von Trier, Harmony Korine, qui m’ont beaucoup influencé.
Avec le temps, j’ai appris à l’utiliser à des fins militantes, pour faire passer les messages qui me semblaient importants.

Pénélope Bagieu avait repris cette phrase que j’adore : « J’en ai marre d’être poliment fâchée ! – Floxxi

On ressent une certaine maturité dans ton écriture, quand tu décris notamment le sexisme et le harcèlement de rue. A travers tes illustrations, tu nous montres que tu en es le sujet tant dans ta vie professionnelle que dans ta sphère privée. Penses-tu tout de même qu’il y a du changement dans l’air ?
Il m’est arrivé de drôle de choses en tant que free-lance dans le milieu de la bande-dessinée. Une fois par exemple, on m’a même proposé un verre pour me remettre mon chèque. J’y suis allée car je voulais être payée, mais j’ai trouvé cela très gênant. Avec les réseaux sociaux, où je parle assez librement de ma vie privée, je reçois parfois des messages d’insultes, presque haineux. Il est important d’exprimer ce que l’on ressent. Pénélope Bagieu, une auteure de BD que j’aime beaucoup, avait repris une très belle phrase : “J’en ai marre d’être poliment fâchée” . C’est exactement ce que je pense !


Tu exposes ici, au Nomade, sur la thématique de la Sorcière. Pourquoi cette thématique t’interéssait particulièrement ?
De nombreuses auteures m’ont ouvert au mythe de la sorcière, dont Starhawk, une écrivaine américaine activiste et écoféministe. Elle compare l’activisme à une forme de magie, où les manifestants forment une bulle qui dégage beaucoup d’énergie, de vibrations. De cette énergie, il en découlera nécessairement quelque chose. l y a plusieurs courants de pensés autour de la sorcellerie, basés sur l’amour de la nature, les rituels. Le Wicca pose les bases de la sorcellerie mais n’est aujourd’hui plus vraiment d’actualité. Aujourd’hui, on inclut aussi dans la notion de sorcières tous les genres, toutes les identités. La sorcière n’est plus forcément la femme féminine, sexy, que l’on connaît.

© Floxxi au Nomade, Lyon
© Floxxi

Merci à Floxxi pour son accessibilité et son temps
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Interview réalisée par Clara Passeron au Nomade, 250 Rue André Philip 69003 Lyon
© Pour le dire