Abysses

J’ai attendu toute la journée que cette dernière passe.
Mais quand le soir sonnait, j’étais dans une impasse.

Le cerveau accroche des idées noires
A toute pensée qui ose débattre.
Chaque soir s’écorchent des lueurs d’espoirs,
Et la mélodie douce de nos inquiétudes
Chante à notre âme qu’il est un peu tard.

Un peu tard pour y penser.
Un peu tard pour décider.
Tard, aussi, pour s’aérer.

J’ai donc attendu, toute la nuit, que cette dernière passe.
La nuit convoite le jour. Et le jour nuit à l’espoir.
J’attends assise dans l’ombre, brassant l’air du rien,
Qu’arrivent les réponses aux tourments des terriens.

J’ai attendu. Et médité. J’ai attendu et regardé
Cet étrange point d’interrogation,
Là-haut, niché.
Priant mes dieux pour qu’il s’efface.
Que la tranquillité fasse plus de bruit que mes questions.
Ce brouhaha incessant, comme Sisyphe et son supplice,
Fait jouer l’angoisse et met la paix dans les coulisses.

J’ai attendu toute la journée que cette dernière passe.
Prisonnière.
Heureuse.
Lunatique.
Et fiévreuse.

En soi rien n’était trop grave.
Je trouve presque un confort, à me décrire anxieuse.
J’aspire peut-être au fond à cette planque astucieuse.
L’idée du changement peut être un vrai supplice,
Qu’il est doux, tout autant, d’errer dans les abysses.


Photographie en Une : © suiatsea
© Pour le dire