En corps de Cédric Klapisch

Elise est danseuse à l’Opéra de Paris. Alors que se déroule la Première de son nouveau spectacle, elle assiste en coulisses à une fâcheuse scène entre son petit-ami et une autre danseuse du ballet. Blessée et perturbée, elle reprend ses pas, l’air de rien. Mais au moment de retoucher le sol après un grand jeté, son pied fort se tord… Et c’est la rupture. 

Elise entame alors un grand chemin : réfléchir à l’après. Entre discussions légères avec son kiné Yann (François Civil), compliquées avec son père (Denis Podalydès), elle trouve refuge dans une résidence pour artiste menée par Josiane (Muriel Robin). Commence alors sa deuxième vie. 

Elise (Marion Barbeau) et Mehdi (Mehdi Baki) © Emmanuelle Jacobson-Roques

En Corps, faire vibrer sa tête et son corps 

C’est une ôde à la danse et au mouvement que nous propose Cédric Klapisch dans son nouveau film. Un thème qui ne sort pas de son esprit du jour au lendemain : deux ans ont permis au cinéaste de mûrir son

C’est une ôde à la danse et au mouvement que nous propose Cédric Klapisch dans son nouveau film. Un thème qui ne sort pas de son esprit du jour au lendemain : deux ans ont permis au cinéaste de mûrir son projet de long-métrage après son documentaire Pas de deux. Marion Barbeau, danseuse à l’Opéra national de Paris, porte le premier rôle dans cette fiction pas si éloignée du quotidien des danseurs. Mais avec un léger pas de côté.

Le cinéaste est loin de proposer un film premier degré sur le cheminement interne d’une danseuse classique, lésée par une blessure injuste et presque ironique. Le réalisateur souhaite soutenir l’art par différents medium : la musique, la cuisine, la nature. Des moments qui nous connectent, nous portent, nous font vibrer.

Cédric Klapisch confirme son amour – et son talent – pour filmer les destins simples et fragiles. Ces vies quotidiennes, fragmentées d’instants de bonheur et de profonds doutes, que certaines péripéties viennent piquer et désaxer. Cela avait pu être le cas pour son film Ce qui nous lie où l’on retrouve quelques comédiens d’En corps.

Elise (Marion Barbeau), Adèle (Marion Gautier de Charnacé) et Sabrina (Souheila Yacoub) © Emmanuelle Jacobson-Roques

La simplicité à l’état brut

C’est donc tout un univers qui se hâte dans les murs de la résidence de Josiane. Chacun semble être aligné tandis qu’Elise réapprend à trouver l’équilibre de sa vie. Ces vibrations convergent vers un même but : trouver une forme d’apaisement. Le chorégraphe de la troupe en résidence souhaite mener à bout son spectacle. Les danseurs apprennent les pas jusqu’à l’excellence. La tenancière des lieux maraboutent les âmes pour leur redonner foi. Les cuisiniers s’imposent l’excellence à chaque recette, jusqu’au dernier brin d’herbe posé sur un velouté. 

Et dans cette danse commune, chacun brille par sa simplicité et son humanité. Déjà, Elise, qui est l’exemple même d’un talent muet qui se révèle par les actes et non le parole. En s’économisant de retracer son parcours auprès des autres danseurs, elle incarne une humilité noble et touchante. Cédric Klapisch affectionne ces humains-extraordinaires, qui, par leurs petites actions, brillent de courage. 

“Une personne brillante, à mes yeux, n’essaie pas d’être complexe.” 

Cédric Klapisch dans le webzine Bande à Part 

Cette quête commune de la perfection fait inexorablement se rencontrer les esprits et les corps, échauffés par tant de grâce. En Corps, à voir encore et encore… 

Photographies : © Emmanuelle Jacobson-Roques

© Pour le dire

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