La vie en mieux, d’Anna Gavalda

Anna Gavalda est l’une de ces autrices contemporaines qui vous arrache le cœur en même temps qu’elle vous le soigne. Par des mots bruts, des phrases courtes, qui piquent notre âme par des va-et-vient de vérités sur nos maux bien ancrés dans le XXIe siècle, elle s’assure de révéler en nous une folle envie de tout quitter et de poursuivre nos rêves.

La vie en mieux est l’histoire de Mathilde et de Yann. Deux histoires qui ne se croisent pas mais qui ont pourtant tout à voir : l’une virevolte dans un Paris sans fin, entre mojitos, courses à vélo, encombrée de quelques grammes, râle au téléphone de ses déboires du quotidien. L’autre habite dans un appartement qui n’est pas le sien, avec une chérie qu’il croise, au détour d’un brossage de dents ou d’un texto affublé de l’un de ces horribles émoticônes qu’il conjure.

Seulement voilà, pour écrire un roman, il faut bien un vent qui tourne. Un élément perturbateur. Un insecte dans le système.

Mathilde

Mathilde perd un jour une somme importante dans un sac. Celui de sa mère, qui cache des souvenirs d’une vie : une lettre, ce petit rouge à lèvres, ses papiers, ses mémoires… Tous ces objets perdus, envolés dans Paris, sont des bribes de son histoire, retracent pourquoi elle en est arrivée là, aujourd’hui, à boire souvent seule et à médire les gens trop rangés. 

Puis un jour un appel. Une lumière douce qui la rappelle. « On a retrouvé votre sac. Et tout ce qu’il contenait » . Mais alors qui, dans Paris, aurait pris le soin de recueillir ce sac, sans rien y voler, sans rien attendre en retour ? 

Yann

Yann, quant à lui, semble plutôt résigné à sa vie bien cadencée. Un travail, qui ne lui plaît pas plus que ça mais qui a le mérite d’être une source de revenus et surtout une non-source d’ennuis. Parfois, il se rend au cinéma. L’occasion, aussi, d’attraper sur la route un dîner de fortune. Salade, tomate, oignons, Chef. Alors les jours s’empilent et se ressemblent jusqu’à ce qu’un meuble étrange vienne se coincer entre lui et sa porte d’entrée. Très vite, cet objet esseulé s’accompagne de mots écriés dans toute l’allée. Et là, une vraie scène se déploie devant lui : comme un cinémascope en 4D. Une scène de vie, une vraie, une famille qui rit, qui jure, qui se charrie, mais surtout qui se moquer d’être entendue de tous et qui au contraire voudrait prendre l’immeuble entier comme spectateurs de leur vie. Yann est invité à manger. De paroles timides en politesses, les langues se délient. Jusqu’à ouvrir, enfin, les boîtes de tout ce qu’il avait emprisonné.

La vie en mieux s’articule autour de deux temps : le tunnel, qui ne définit jamais clairement le passé, le présent ou le futur. Puis le moment présent, qui, pour chaque personnage, fait s’arrêter la course. Puis quoi, après ? Maintenant que tout est dézingué ? Que plus rien ne sera comme avant ? C’est comme un voile qui se lève au-dessus de ces deux êtres confinés dans une maison de poupée. Le toit en carton s’envole et apparaît le ciel : la vie. Toute entière. Pour eux. Impossible, désormais, de ne plus voir. Et encore moins de reculer. 

L’après, c’est à vous de le deviner, ou de le parcourir.

La vie en mieux, d’Anna Gavalda, disponible en librairies ou à la commande. Paru en 2014. 

© Pour le dire

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