Les baigneuses de Picasso au Musée des Beaux-Arts de Lyon

« Baigneuses et Baigneurs », c’est le nom de l’exposition sur Picasso, actuellement au musée des Beaux-Arts de Lyon. À l’encre, au pastel, au fusain ou même en troisième dimension, la baigneuse de Picasso arboré toutes les silhouettes.
L’exposition retrace la vie intime de l’artiste et nous fait explorer d’un œil malicieux les corrélations entre ses voyages et ses phases artistiques. Séjournant à Cannes, à Biarritz ou à Dinard, le peintre aux multi-talents s’investit dans cette thématique au fil des escapades. Nous suivons donc les traces des pas ensablés de Picasso vers une représentation délicate et abstraite du corps. La baigneuse de Picasso est une femme forte, fière et libre. Elle se dévoile dans sa plus grande fragilité, sans vêtements ou artifices pour corrompre le trait de l’artiste.
Le Musée des Beaux-Arts de Lyon a choisi une exposition chronologique et linéaire, partant des débuts de l’artiste et ses premiers essais. Sa fascination, dès 1906, pour des peintres tels que Paul Cézanne ou André Derain, qu’il côtoie aussi dans sa sphère privée. Puis ses influences, sur le tard, pour le surréalisme avec la photographe Dora Maar, proche du cercle surréaliste. Nous avons donc là toute une famille d’artistes qui ne cessent de s’enrichir mutuellement : d’études en essais appliqués, du symbolisme au surréalisme, du minuscule à l’étrange.

Pablo Picasso, La Baignade, 1937 © Peggy Guggenheim Museum

Picasso explore avec la baigneuse tous les angles de son art. L’exposition nous montre ainsi une part plus douce de son œuvre globale, assombrie par les nombreux conflits que traversent l’Espagne du XXe siècle. Guernica, notamment, criera toute l’horreur de la guerre. Nous apprenons d’ailleurs que l’artiste s’accordera des pauses « Baigneuses » durant les quelques mois de l’année 1937 utiles à la réalisation de Guernica. Malgré les différents que l’on peut avoir sur la vie privée de Picasso, l’exposition dévoile un homme engagé dans la représentation prolixe du corps de la femme, comme les combats féministes ont pu réclamer ces dix dernières années. Alors, féministe appliqué ou Don Juan inspiré ? Dans tous les cas, « Baigneuses et Baigneurs » donne du baume aux corps à ceux qui n’auraient pas vu le sable cette année.

Les plus de l’exposition : une fresque chronologique légendée dès le début, pour situer certaines œuvres et phases de l’artiste, un agencement en thématiques succinctes facilitant la compréhension globale du projet. On voit également des œuvres réelles ! Ce qui n’était pas le cas à la Sucrière avec son exposition Picasso.

Les moins de l’exposition : des œuvres pour la plupart déjà présentes dans la collection permanente du Musée, pouvant déplaire aux habitués, une exposition un poil courte (compter une quarantaine de minutes pour parcourir ces 9 chapitres).

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L’exposition Picasso « Baigneuses et Baigneurs », au Musée des Beaux-Arts de Lyon, 20 Place des Terreaux 69001.

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