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TENET de Christopher Nolan

Christopher Nolan aborde une fois de plus la thématique du voyage temporel dans son dernier film : Tenet. Avec Inception (2010), l’homme pouvait voyager dans les rêves d’un autre. Avec Interstellar (2014), il traversait l’espace à la recherche d’une nouvelle planète habitable, défiant les espaces temps. Pour Tenet, c’est une autre paire de manches. Nolan s’impose comme le maître de la temporalité au cinéma. Il arrive à désamorcer les dystopies encensées de cette dernière décennie en adoptant un nouveau concept : la guerre temporelle. Ni nucléaire, ni bactériologique, la guerre de Nolan est pourtant tout aussi dangereuse.

John David Washington dans Tenet (2020)

En effet, des hommes venus du futur pourraient mettre en péril les actions menés par ceux du présent. Seul un homme pourrait comprendre l’algorithme d’inversion du temps, et on ne lui souffle que ce mot en indice : “tenet”. Un mot d’emblée symbolique, car il est un palindrome, se lisant donc dans les deux sens. Tenet est donc un précepte, un algorithme, une solution pour tenter de vaincre les pirates du futurs. Mais, vous l’aurez devinez, ce trésor est bien gardé.

Un casting étonnant et efficace

Pour son 11e film, Christopher Nolan s’est entouré de John David Washington, personnage principal de l’intrigue, Robert Pattinson, incarnant Neil, un allié dévoué, et Elizabeth Debicki, dans le rôle de Katherine, que l’on a pu voir dans Gatsby, le Magnifique (2013) dans le rôle de Jordan Baker. Les personnages se lient rapidement et la dynamique prend. Ces esprits éveillés se permettent aussi des traits d’humours, malgré les situations. On pensera notamment à la réponse “C’est complexe” du héros quand Andrei Sator lui explique la torture pour le moins inventive qu’il lui réserve. Nolan réussit donc le pari de parsemer un thriller haletant d’émotions sensibles. Robert Pattinson délivre une performance d’acteur incroyablement juste et émouvante. On ne saisit pas vraiment ce qui lie ce trio, ni leurs sentiments et intentions réels, mais l’alchimie Robert Pattinson-John David Washington brille à travers le grand écran. Peut-être même plus que le duo « amoureux » entre notre héros et Katherine, qui n’amène pas grand chose à l’intrigue si ce n’est la déstabiliser.

Robert Pattinson dans Tenet (2020)
Robert Pattinson dans Tenet (2020)

Le son, l’allié inébranlable de Christopher Nolan

Si l’action est un marasme sans nom pour les yeux et le conscient du spectateur, le son, lui, apporte à nos cinq sens un peu de cohésion. Nolan utilise donc des sons de compositeurs classiques dans les moments contemplatifs, à forte intensité émotionnelle. Hans Zimmer, compositeur vedette des derniers films du réalisateur, ne fait pour une fois pas partie du casting. On rencontre alors pour une première chez Nolan le compositeur oscarisé Ludwig Göransson, à la palette encore plus classique que son prédécesseur. Ses musiques tissent des moments d’apaisement au corps dense et effréné du film. Pour se faire, Nolan arrive avec une palette de musiques électroniques, allant de la techno minimale au rap US, avec Travis Scott et son titre “The plan”, titre vedette de la bande-annonce de Tenet.
Le mixage général du son invite le spectateur à vivre cette expérience en salles obscures. Chaque mouvement de caméra s’accompagne de sons bruts, incisifs. Une expérience que l’on ne saurait revivre chez nous, sur petit écran.

Tenet : l’avis global

En conclusion, Tenet est un complexe condensé de dialogues fuselés et de scènes d’actions, qui ne prendraient réellement sens qu’à un deuxième voire un troisième visionnage. Le constat est donc mitigé. On saisit le génie du réalisateur sans en saisir réellement toute l’emprise. Un paradoxe ironique pour ce film qui argue le “grandfather paradox”, théorème célèbre qui interroge les impacts d’un voyage temporel. Un long-métrage frustrant pour le spectateur cinéphile qui s’empresse de retourner en salle pour vivre l’expérience unique d’un Nolan sur grand écran. Le tournage s’est déroulé dans les quatre coins du globe et accentue ainsi le cafouillis d’images et de situations. Dommage, car la complexité du scénario ne rend pas honneur à la beauté certaine de la photographie. Un film fort est-il un bon film ? Je vous laisse avec cette réflexion.

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Tenet, de Chritstopher Nolan, sortie en salles le 26 août 2020
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