Festival Lumière : l’édition 2021

Le plaisir de retourner en salles obscures

Ah, le cinéma. On l’avait un peu délaissé ces dernières années. Privilégiant les soirées intimistes, en pyjama avec sa moitié, ou en tête à tête avec nos plantes vertes. On se disait, parfois, que la programmation ne valait pas tant le coup que ça. Ou bien, aussi, que ça ne valait pas son prix. On l’a même tout simplement oublié. Le cinéma ne campait plus dans notre agenda de sorties. Pourtant, avec 2020, nous sommes devenus nostalgiques. Nous nous sommes souvenus de cette palpitation agréable lorsque les lumières de la grande salle s’éteignent. Ce confort non sans égal mais bien particulier d’avoir son dos parfaitement coller au dossier rouge et duveteux du siège. Cet enthousiasme primaire, cette étincelle enfantine de découvrir une œuvre pour la toute première fois. Car, on le sait, au moment même où les secondes du film se déroulent : rien ne pourra se comparer à cette émotion primaire. 

On a donc couru au cinéma, lorsque les salles ont rouvert. Mais il y avait un côté presque inachevé. On voulait du grandiose, on voulait retrouver cette exaltation des grandes séances. Puis, octobre est arrivé et, avec lui, la 13e édition du Festival Lumière. Un Festival lyonnais, pour les lyonnais, mais, finalement, pour tout le monde. Enfants, grands enfants, d’ici, d’ailleurs, cinéphiles ou amateurs. Lumière accueille et chérit tout le monde. On retrouve ainsi les films qui nous ont fait vibrer, avant : La Grande Belleza de Paolo Sorrentino (2013), Le Jour se lève de Marcel Carné (1939), Les Choses de la vie de Claude Sautet (1970), Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950), Le Château de l’Araignée d’Akira Kurosawa (1957), Tootsie de Sydney Pollack (1982), et bien d’autres. Ces films, d’un autre genre, d’un autre siècle, d’une autre époque, nous ramènent à des sensations d’antan. Ou en créer de nouvelles, quand nous avons la chance de les voir pour la toute première fois sur grand écran. Le festival Lumière ravive donc la flamme de notre amour pour le cinéma. 

Jane Campion mise à l’honneur

Jane Campion © DB production

Comme chaque année, le festival Lumière tourne les projecteurs en direction d’un.e artiste : réalisateur ou réalisatrice, acteur ou actrice, la personnalité récompensée par le Prix Lumière a accompagné les cinéphiles pendant de nombreuses décennies. Il y a eu Clint Eastwood, parrain du festival, Catherine Deneuve, Martin Scorsese, Wong Kar-Wai… Aujourd’hui, c’est la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion qui reçoit ce titre. Un prix bien particulier, car il ne met personne en compétition : il salue simplement un parcours et remercie avec une sincérité de passionné ce que la plume et le regard de l’artiste ont apporté au cinéma d’aujourd’hui. Car on le sait, dans les Arts, rien ne se perd… Tout se transforme, soit en rejetant, soit en rendant hommage. Jane Campion s’est fait connaître du grand public lorsqu’elle remporte, en 1993, la Palme d’Or au Festival de Cannes pour son chef-d’œuvre La Leçon de piano (avec Holly Hunter, Harvey Keitel, Anna Paquin, Sam Neill). Jane Campion est également la première réalisatrice nommée Présidente du jury à Cannes, en 2014. Sa filmographie singulière met en avant des portraits de femmes fortes, modernes, dans une esthétique propre à la réalisatrice. En tout, Jane Campion réalisera neuf films, dont le dernier, The Power of the Dog, sera présenté en avant-première durant le festival. 

Jane Campion parlera à cœur ouvert de son parcours de cinéaste lors d’une masterclass au Théâtre des Célestins, le vendredi 15 octobre. Elle recevra le Prix Lumière le même jour, dans la soirée, au Centre de Congrès à Lyon. Son long-métrage Bright Star (2009) sera ensuite projeté à l’ensemble des invités et du public. 

Abbie Cornish dans Bright Star, de Jane Campion

Le Festival Lumière, c’est aussi de nombreuses nouveautés

Nous l’avons dit, Jane Campion présentera également son tout dernier long-métrage : The Power of the Dog, récompensé par le Lion d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Venise 2021. Mais ce ne sera pas la seule exclusivité, loin de là…
Ainsi, tout au long de cette huitaine, se succéderont plusieurs avant-premières: 

Adieu Paris, d’Édouard Baer
Huit Messieurs d’un certain âge se retrouvent depuis des décennies dans un vieux bistro de Paris. Ils se détestent autant qu’ils s’aiment.
Présenté par Édouard Baer à l’Institut Lumière dimanche 10 octobre à 14h30 et au Comœdia lundi 11 octobre 21h.

Les Choses humaines d’Yvan Attal
Alexandre, étudiant dans une prestigieuse université américaine, est accusé de viol par Mila, fille du nouveau compagnon de sa mère. 
Présenté par Yvan Attal, Ben Attal et Suzanne Jouannet, au Cinéma Comœdia mercredi 13 à 20h30.

Clair-obscur de Rebecca Hall
En 1929 à New York, deux femmes noires sont suffisamment claires de peau pour pouvoir se faire passer pour blanches.
Présenté par Rebecca Hall à l’Institut Lumière mardi 12 octobre à 20h45

Cry Macho de Clint Eastwood
1979. Mike Milo, ancienne star de rodéo, accepte de partir au Mexique afin de ramener le fils de son ancien patron aux États-Unis. 
Projeté au UGC Confluence vendredi 15 octobre à 16h45 et à l’Institut Lumière samedi 16 octobre à 19h.

La Fracture de Catherine Corsini
À Paris, deux bourgeoises se rendent au service des urgences, débordé, un soir de manifestation des Gilets jaunes.
Présenté par Catherine Corsini au Comœdia jeudi 14 octobre à 16h45 et au UGC Confluence vendredi 15 octobre à 11h.

Freda de Gessica Généus
Dans un quartier populaire d’Haïti, une famille tente de survivre. Face à la précarité, chacun cherche une façon de fuir cette situation.
Présenté par Gessica Généus, Néhémie Bastien et Djanaïna François au Cinéma Comœdia mardi 12 octobre à 17h et à Lumière Terreaux mardi 12 octobre à 19h.

Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier
Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind… 
Présenté par Joachim Trier au Comœdia dimanche 10 octobre à 16h15

The Lost Daughter de Maggie Gyllenhaal (2021, 2h01)
Seule en vacances au bord de la mer, Leda (Olivia Colman) devient obsédée par une jeune mère et sa fille qu’elle observe sur la plage.
Présenté par Maggie Gyllenhaal à l’Institut Lumière dimanche 10 octobre à 17h15 et au Pathé Bellecour lundi 11 octobre à 20h15.

La Main de DIeu de Paolo Sorrentino
Naples, années 1980. La vie d’un adolescent parsemée de joies et de tragédies qui vont bouleverser son monde.
Présenté par Paolo Sorrentino et Filippo Scotti au Pathé Bellecour dimanche 10 octobre à 16h45.

Marx peut attendre de Marco Bellocchio (Marx può aspettare, 2021, 1h30)
Marco Bellocchio réunit les siens pour les interroger sur son frère jumeau, Camillo, qui s’est suicidé à l’âge de 29 ans.
Présenté par Marco Bellochio à l’Institut Lumière jeudi 14 octobre à 17h15. 

My Son de Christian Carion
Edmond Murray, éloigné de sa famille pour poursuivre une carrière internationale, revient subitement dans les Highlands car son fils a disparu. Il est prêt à tout pour le retrouver.
Présenté par Christian Carion au Pathé Bellecour lundi 11 octobre à 17h45.

The Power Of The Dog de Jane Campion
Phil Burbank, cowboy charismatique, inspire la peur et la crainte. Quand son frère ramène à la maison une nouvelle épouse et son fils, Phil les tourmente. 
Présenté par Jane Campion à l’Institut Lumière jeudi 14 octobre à 20h et au Pathé Bellecour samedi 16 octobre à 18h30

The Story of Film : A New Generation de Mark Cousins
Dix ans après The Story of Film: An Odyssey, une vaste enquête sur l’état de la production cinématographique au XXe siècle. Mark Cousins réinterroge l’industrie du cinéma aujourd’hui dans le monde.
Présenté par Mark Cousins au UGC Confluence jeudi 14 octobre.

The Velvet Underground de Todd Haynes
Documentaire sur le légendaire groupe de John Cale et Lou Reed, rendu célèbre par Andy Warhol. Par le brillant Todd Haynes.
Diffusé au Pathé Bellecour le mardi 12 octobre à 21h45.

Vortex de Gaspar Noé
À Paris, un couple âgé, lui ex-critique de cinéma et elle ancienne psy, sombre peu à peu dans la démence sénile.
Présenté par Gaspar Noé, Dario Argento et Françoise Lebrun le samedi 16 octobre au UGC Confluence à 14h15.


RDV sur le site officiel du festival lumière 2021.

Et vive le cinéma.

© Pour le dire