Buzz l’Eclair d’Angus MacLane 

Retourner à une licence comme celle de Toy Story est un pari risqué. Premier du genre, le film d’animation Pixar de John Lasseter sorti en 1995 a accompagné de nombreux enfants et familles. Si bien qu’on ne regardait plus tout à fait nos jouets de la même façon, les soupçonnant d’un air approbateur : “Je sais ce que tu fais, une fois le dos tourné ou la porte d’entrée claquée”. Puis les années passent, un Toy Story 2, aussi succulent que le premier, arrive en salles quatre ans plus tard, fort du succès du premier. 15 ans après le premier volet, c’est au tour de Toy Story 3 d’apparaitre, alors que l’on ne l’attendait plus. Mais la magie, elle, était toujours bien présente.

Toy Story 2 (1999)

Buzz l’éclair : un personnage emblématique de la génération 90’s

Dans cette jolie marmite de jouets se trouvait le cow-boy Woody, Rex le T-rex, une jolie Bergère… Et Buzz l’éclair, arrivé en concurrence au personnage de Woody, jusque-là grand favori de son propriétaire. Sauf que Buzz n’est pas un jouet tout à fait normal… Enfin, si, mais pas pour lui. Il est persuadé qu’il est LE Buzz l’éclair, ce célèbre ranger de l’espace, alors qu’il n’est qu’une copie fabriquée en million de séries. Ce scénario, touchant car montrant aussi les questionnements que l’on peut éprouver enfant, lorsque l’on comprend que nous ne sommes ni uniques, ni exceptionnels. Seulement des êtres humains.

Ce spin-off nous montre donc la vraie vie de Buzz l’éclair, ce héros de l’espace d’un temps futuriste. D’où vient-il ? Qui est-il, avant d’être un justicier missionné dans l’espace ? Et bien… Nous n’en savons rien.

Une complexité qui détonne avec la saga Toy Story

Si cette histoire qui se déroule entièrement dans l’espace nous excitait d’avance, les premières minutes nous laissent déjà perplexes. Enrôlés immédiatement dans l’action, nous prenons part à une mission où Buzz fait figure de héros que rien ne peut trahir. Pourtant, au bout de quelques minutes de film seulement, la situation se retourne contre lui et l’échec est cuisant : ils ne pourront quitter la planète où ils viennent d’atterrir et se verront obligés de rester sur cette nouvelle terre hostile. Les années passent, et malgré une vie ordinaire qui se construit autour, Buzz ne peut s’empêcher de garder en tête sa mission de repartir. 

Un buzz déterminé... et solitaire

Cette obsession nous amène ainsi à deux problématiques scénaristiques. D’une part, nous ne pouvons apprécier la vie sur cette planète, devenue leur Terre, ni ses habitants, car le personnage principal refuse de s’y attacher. Il y a donc nécessairement un fossé entre celui que nous suivons, par la force des choses, et ceux qui semblent vivre une vie normale et s’être accommodés de ce décor futuriste. D’autre part, cette vie solitaire qui l’isole de ses pairs accouche d’un personnage sombre, antipathique et égocentré. Difficile, donc, de réellement s’accrocher à ce Buzz l’éclair qui nous donnait pourtant plein d’espoir. 

Buzz l’éclair : un spin-off de trop ?

La décennie cinématographique que nous traversons place le spin-off en Roi. Cette – presque – maladie de transformer le succès d’une saga en une colossale machine à films qui sortiront tous les deux à trois ans démontre une certaine crise de la création, même dans ces boîtes à rêves que représentaient autrefois Pixar, DreamWorks ou Disney. 

L’idée ? Piocher un ou plusieurs personnages unanimement appréciés, mais qui n’étaient pas au centre de l’intrigue, et créer leur propre univers. Le Monde de Dory (2016) fait alors suite au Monde de Nemo (2003), Planes (2013) prend le relai de Cars (2006), et Les Minions deviennent une saga à eux-mêmes, détrônant presque la saga originelle Moi, moche et méchant. Et cette liste est loin d’être exhaustive. 

Izzy, Mo, Darbby et Sox le chat robot en compagnie de Buzz

Buzz l’éclair arrive alors dans ce paysage déjà saturé de “filles-frères-parents de”, et ne réussit pas à se détacher de celui qui l’a vu naître, Toy Story. Outre ce personnage plutôt antipathique, tout le scénario semble avoir été pensé comme un unique clin d’œil aux gamins, désormais adultes, qui ont apprécié le personnage vingt ans plus tôt. Les personnages secondaires sont à peine introduits, leur particularité forment un tout, l’héroïne féminine, remplaçant l’héroïne initiale du premier tiers, est elle aussi survolée…Le montage est soit trop lent, soit trop rapide. La trame scénaristique est bancale. L’animation presque passée de mode, le personnage principal nous rappelant le père des Indestructibles.  

Bref, Buzz ne marquera définitivement pas les esprits, qu’il soit considéré comme un complément ou comme un film à part entière. Dommage. 


© Photographies Walt Disney Company

© Pour le dire

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